Inscrire une langue
 ou la construction d’un regard linguistique

Por Sophie Dalle-Nazébi,

Toulouse, 2004.

Sección: Artículos, lingüística.

 

Le 20 mars 1991. C. Cuxac, linguiste à Paris 5, présente ses recherches dans le cadre d’un séminaire du Limsi (un laboratoire d’informatique), portant sur l’analyse des gestes. Pas de tableau ni de crayon dans un premier temps, pas d’ordinateur ni de magnétophone. Le dispositif utilisé pour montrer les structures linguistiques de la langue qu’il a pris pour objet d’étude depuis 15 ans est constitué d’un téléviseur et d’un magnétoscope sans son. Un magnétoscope et lui-même, car après avoir laissé défiler une première fois les images d’un locuteur gesticulant sans voix, il traduit et commente ces productions, puis rejoue ponctuellement à son tour certains gestes et expressions de cet orateur silencieux. Mais il les rejoue tout en parlant, pour les montrer et en expliquer la logique de construction et d’interprétation. Il attire ainsi l’attention sur certains éléments de réalisation (engagement du corps, configuration de la main ou l’utilisation de l’espace devant le locuteur…) Dans ce corps-à-corps avec un discours en LSF (langue des signes pratiquée par les sourds français), ce linguiste expose les prises qu’il a construites sur cet objet.

Comment l’analyse d’un tel mode de communication, donnant à décrire et inscrire un matériau si différent de la parole, peut-elle être exposée dans une publication linguistique ? C’est là pour les chercheurs une question aussi bien technique que d’analyse. C’est aussi une question de parcours de recherche et de contexte scientifique : tout dépend des données récoltées, des frontières de cet objet, des lieux, dispositifs et partenaires de recherche comme des prises élaborées dans des analyses aussi jeunes. A travers la mise en scène graphique et textuelle de ces études se joue la définition linguistique de cet objet et la reconnaissance de ces analyses au sein de la discipline. La matérialité même des inscriptions graphiques de langues en gestes et celle des textes qui exposent leur analyse sont au cœur d’un travail de négociation des cadres de la linguistique moderne.

Après avoir exposé de manière générale la problématique de l’inscription scientifique des langues en sons et en gestes, cette étude se focalise sur la démarche d’écriture particulière d’un chercheur français. Bien que les études françaises sur la langue des signes soient très diverses, elles se démarqueraient sur la scène internationale par le caractère illisible de leurs textes et par l’originalité de leurs situations de recherche. Sans s’inscrire dans une perspective comparative, il s’agit de souligner l’articulation entre dispositif textuel, inscriptions graphiques ou littéraires et situation de recherche. La mise en texte qu’est la publication est ici un lieu de travail des repères de la discipline et de ceux d’une recherche spécifique. Il s’agit d’évoquer en quoi cette activité d’écriture du texte et de l’objet est un lieu de construction d’outils d’analyse et de travail épistémologique. Leer más…descargar artículo (PDF, 215 KB)

 

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