L’autre Milan 1880 : le congrès international d’otologistes et l’instruction physiologique du sourd-muet selon le docteur Fournié

AndreBenvenutoPor Andrea Benvenuto,

París, 2010.

Sección: Artículos, historia.

 

Résumé:
Cet article rappelle qu’à Milan, entre le 6 et le 9 septembre 1880, c’est-à-dire aux mêmes dates que le congrès d’éducateurs de sourds, se sont tenus deux autres colloques, absents de la bibliographie relative à l’éducation des sourds, le deuxième congrès international d’otologie, et, du 2 au 5 du même mois, le premier congrès international de laryngologie. Il analyse la communication faite le 8 septembre, dans le cadre du congrès otologique, par le docteur Fournié, alors médecin adjoint à l’Institut des sourds-muets de Paris. Intitulé « De l’instruction physiologique du sourd-muet », cet exposé, qui développe un point de vue en complète opposition à l’opinion des éducateurs sur « la mimique », défend l’idée très actuelle que le langage des gestes est à la fois « l’expression naturelle d’un besoin de l’intelligence » et le moyen privilégié de l’exercice de la pensée.
Mots-clés: Congrès de Milan – Éducation des sourds – Handicap – Langue des signes- Langage physiologique – Mimique – Oralisme – Otologie – Surdité.

Pour quelle raison revenir, en ce début du XXIe siècle, sur Milan 1880 ? Il n’y a pas d’histoire de l’éducation des sourds sans que cette date soit mentionnée. Le congrès d’éducateurs de sourds tenu à Milan en septembre 1880 et qui a affirmé la suprématie de la parole orale sur la langue des signes dans l’enseignement marque une étape décisive de la consécration, plus que d’une méthode d’enseignement aux sourds, d’une idéologie : l’oralisme. Ce congrès fut l’instrument le plus visible d’un dispositif mis en place dès le début de ce siècle. Nous n’y reviendrons pas ici. Mais dans tout dispositif il y a tout ce qu’on dit à travers des discours, des aménagements institutionnels, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, des lois, des mesures administratives. Il y a aussi des mots et des actes non-dits ou tout simplement dits mais rendus invisibles par le dispositif lui-même. C’est à cela que se réfère l’« autre Milan 1880 » du titre de cet article.

Entre le 6 et le 9 septembre 1880, à Milan, c’est-à-dire à la même date et dans la même ville que le congrès d’éducateurs des sourds, s’est tenu le deuxième congrès international d’otologie, et du 2 au 5 du même mois, le premier congrès international de laryngologie, deux congrès absents de la bibliographie relative à l’éducation des sourds. On y découvre que les médecins de l’Institution des sourds-muets de Paris ne partageaient pas tous la même opinion que celle qui a triomphé au congrès d’éducation à Milan en 1880. Le docteur Édouard Fournié (1833-1886), auteur d’ouvrages comme la Physiologie de la voix et de la parole (1866), Physiologie et instruction du sourd-muet d’après la physiologie des divers langages (1868), Essai de Psychologie. La bête et l’homme (1877), Physiologie des sons de la voix et de la parole (1877), est médecin-adjoint à l’Institut de Paris. Bien que parlant du haut d’une autre tribune que celle des éducateurs, il est l’une des voix d’opposition à leur congrès. Fournié, qui avait dû s’absenter du congrès des éducateurs, avait demandé au docteur Peyron, alors directeur de l’institut des sourds de Paris, plus proche de la méthode des signes que les délégués français de …

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