Por Sophie Dalle-Nazébi,
Toulouse, 2009.
Sección: Artículos, inclusión y accesibilidad.
Résumé: Les déclarations politiques autour de l’emploi des personnes handicapées se multiplient aujourd’hui, mais nous manquons d’informations sur la vie professionnelle des personnes sourdes. À partir d’un travail de terrain et d’entretiens dans une vingtaine de grosses et petites entreprises employant une ou plusieurs personnes sourdes, nous proposons une analyse des difficultés et des sources de violences qu’elles expérimentent. Nous exposons ensuite la diversité des stratégies qu’elles mettent elles-même en place pour améliorer leurs conditions et relations de travail. En référence à ces initiatives, nous montrons que sans une prise de conscience de la ten- dance à la psychologisation de problèmes liés à des questions d’organisation, et sans dissocier ce qui relève de la surdité de ce qui dépend d’une position minoritaire, l’implication de sourds dans cette recherche de solutions peut elle-même susciter souffrances et conflits. Nous mettons également en évidence que les missions handicap peuvent être un acteur décisif de l’intégration professionnelle des sourds si les dirigeants donnent les moyens humains et financiers d’une prise en compte structurelle de la langue des signes ou de moyen de communication visuel au travail. Ceci ne peut cependant se faire dans le mépris des initiatives et des choix engagés par les sourds eux-mêmes.
Les déclarations politiques autour de l’emploi des personnes handicapées se multi- plient aujourd’hui et, avec elles, l’organisation de « missions handicap » au sein des grandes entreprises. La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », a en effet renforcé l’injonction d’emploi de ces personnes par une hausse substancielle des amendes à verser à l’Association de Gestion de Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées (Agefip, créée en 1987), ou aux Fonds Pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP, nouvellement créée par un décret en 2006)1. Elle reconnaît également la langue des signes pratiquée par les sourds français comme une langue à part entière. Pourtant nous ne disposons d’aucun chiffre2 sur la population de salariés pratiquant cette langue, ou sur la si- tuation professionnelle des personnes sourdes. Parallèlement, les études de grande ampleur et les prospections autour de l’emploi des personnes handicapées se poursuivent, sans apporter d’informations sur le profil de ces salariés ni sur leurs conditions de travail. C’est cette caté- gorisation qui rend opaque ces analyses. Établie en fonction de degrés d’incapacité (sans ja- mais mentionner à quoi ceux-ci sont liés), elle ne renseigne ni sur le type de déficiences ou de troubles, ni sur la nature des blocages ou difficultés. La situation d’une personne qui n’entend pas est-elle assimilable en tous points à une personne en fauteuil roulant? ou qui ne voit pas? Ne faudrait-il pas précisément connaître leurs problématiques communes et spécifiques? Comment tirer véritablement profit d’études globalisantes, indiquant la progression ou le recul du nombre de travailleurs handicapés, sans jamais indiquer la nature des difficultés initia- les et celle des ressources mobilisées ? La logique qui préside à cette catégorisation des han- dicaps sous un même vocable est une première forme de violence si elle n’est pas associée à d’autres démarches d’analyse. Elle relève en effet d’un déni des particularités de chaque type de handicap et d’un déni d’existence d’autres collectifs que celui de « handicapés » ou de dé- tenteurs de carte d’invalidité. Or les souffrances quotidiennes que vivent les personnes sour- des dans leurs activités professionnelles se déclinent précisément dans ce registre du déni, concernant leurs compétences et pratiques spécifiques, leur expérience quotidienne de formes de violences, et les solutions collectives à des difficultés de communication partagées. Elles sont aussi liées, comme nous le montrerons, à des efforts isolés de résistance ou de transfor- mation de ces conditions de travail. Mais avant d’aborder cette question des stratégies indivi- duelles ou collectives mises en place par les sourds eux-mêmes pour se faire une place dans le monde du travail, il convient de préciser quels types de violence les concernent plus spécifi- quement, et pour quelles raisons. Leer más, descargar artículo (PDF, 230 KB)
Sophie Dalle-Nazébi
Ph. D sociologie
SCIC Websourd –LISST-CERS Université Toulouse 2 sophie.dalle-nazebi@websourd.org / dalle@univ-tlse2.fr
Pour le congrès de l’Association Française de Sociologie, « Violences et société », du 14 au 17 avril 2009, Uni- versité Paris Diderot, Réseau de Travail n° 25 : « Travail, organisations, emplois »
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